mardi 26 février 2008

D’la muse!

Sujet plus contemplatif.
Je me propose aujourd’hui de partager avec vous, grâce à « youtube », un peu de musique africaine. Je ne suis pas musicien, ça vous le savez, encore moins chanteur, mais j’aime à me laisser transporter par quelques bonnes musiques. Enfin, ce que je trouve être de la bonne musique. Sans plus tarder, voilà quelques groupes, que la plupart d’entre vous connaissent mais qu’il est bon d’écouter et de réécouter. (Je dois avouer ne pas être très au fait de la musique sénégalaise pour le moment, je suis dans la découverte, d’ailleurs si vous en connaissez, à part Youssoun N’dour, je suis preneur).

Honneur aux femmes!
Commençons par Rokia Traoré. Elle est malienne et vivrait dans le sud de la France. J’ai eu la chance de la voir à l’ancien Spectrum à Montréal.

http://www.youtube.com/watch?v=VrMHo6u5vQc

http://www.youtube.com/watch?v=KhTpPJeALYQ

Mamani Keita. Une voix indescriptible. Également malienne. Je l’ai manqué au centre culturel français à Bamako, aaaah! J’espère que vous aurez la chance de l’entendre.

http://www.youtube.com/watch?v=dQ23h4nyQKg

Habib Koité : Un malien très sympathique apparemment. J’ai pu le voir à deux reprises au festival sur le Niger à Ségou au Mali. Une très belle voix et un très bon joueur de guitare. A noter que son vieux balaphoniste est véritablement sidérant. On le voit sur la première vidéo…

http://www.youtube.com/watch?v=DAmxXizTKSY&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=c5ItD5MnfyU

Les « monstres » de l’Afrique :

Salif Keita, il n’est pas nécessaire de le présenter. Le premier morceau est avec Cesària Évora, la déesse aux pieds nus. Vu à deux reprises à Montréal et à Toronto. Il est toujours aussi énergique, un grand monsieur de la scène.

http://www.youtube.com/watch?v=UkUUaxjQCfI

http://www.youtube.com/watch?v=NdeedHX9fmI&feature=related

Ali Farka Touré. 2 Grammy Award. Quoi dire de plus? Écoutons.

http://www.youtube.com/watch?v=y5Nem-PNHLY

http://www.youtube.com/watch?v=dLoHVqmITGk&feature=related

Toumani Diabaté. Alors qu’Ali Farka Touré a remporté son premier Grammy Award avec Ry Cooder, il a remporté le second avec Toumani Diabaté. Le grand maître de la Cora. Il mari souvent son instrument mythique à d’autres non moins mythiques comme la harpe ou la sitar indienne. Il m’a été permis de l’écouter au festival sur le Niger au Mali.

http://www.youtube.com/watch?v=8luhdxS2KuM&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=yWvdsNix8lQ&NR=1

Boabad orchestra. Un des groupes mythique du Sénégal. Je vais essayer de les voir cette année.

http://www.youtube.com/watch?v=l0ySarXJs9o

http://www.youtube.com/watch?v=M8oYwng8w8c&feature=related

Baaba maal. Un autre groupe sénégalais mythique. Ils chantent en peul, une langue de la sous-région (comprenez qu’on retrouve les peuls dans pas moins de 7 pays africains. J’y reviendrai mais les occidentaux ont fait ce découpage « éclairé » de l’Afrique au traité de Berlin en 1885).

http://www.youtube.com/watch?v=csBbIwK09Rk

Tinariwen, les enfants du désert. Musique touareg très inspirante. Certains chanceux les ont vus au festival du bout du monde en Bretagne cette année…

http://www.youtube.com/watch?v=fzGSNomC5kk&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=72_C5OGO0i8&feature=related

Youssou N’dour, LE chanteur sénégalais par excellence. J’ai eu la chance de le voir en concert gratuit dans le vieux port de Montréal. Son duo avec Neneh Cherry a fait le tour du monde. Dans la première vidéo, écoutez cet instrument que l’on place sous le bras. C’est un instrument à percussion mais le musicien peut aussi contracter des cordes avec son bras et ainsi tendre la peau qui lui donne ces sonorités si particulières. Certainement l’un des instruments que je préfère écouter.

http://www.youtube.com/watch?v=k2Q4bc86yiI

http://www.youtube.com/watch?v=UbBSDE-Dywo&feature=related

Comme je ne peux pas vous parler de tout ce monde de musique que j’apprécie je vous reviendrai une autre fois avec d’autres artistes.
Après, je vous conseille d’acheter leurs CD!

samedi 23 février 2008

questionnements??

Ce n’est pas parce que je me déplace maintenant avec le titre de conseiller, après avoir été stagiaire, que je ne suis plus habité des questionnements qui m’accompagnaient par le passé. Et j’espère bien qu’ils continueront à me déstabiliser le plus longtemps possible.
Je n’ai pas de doute sur le fait que chacune et chacun d’entre nous vivons ces remises en questions ou réajustements et ces prises de recul. Je suis d’ailleurs ici, au Sénégal, pour décentrer mes perspectives et mettre mes certitudes en doute. Un doute salvateur, qui empêche de s’enfermer dans une culture, dans une éducation, dans un environnement et qui invite à l’effort de comprendre l’autre dans ses différences et d’envisager les ponts qui nous unissent. Après je sais bien qu’il existe d’autres façons de prendre du recul et aussi de se rapprocher des autres sans nécessairement quitter son propre environnement. Personnellement, je suis dans la première démarche en ce moment, ce qui n’exclu pas, et au contraire, que je décide de changer et de me stabiliser par la suite.
La différence est peut être que je me propose de partager avec vous ces questionnements, dans un premier temps, et peut être, plus tard, ce qui en est ressorti. J’ai bien conscience de l’aspect nombriliste de l’exercice, mais je veux me faire l’écho des réflexions qui habitent certaines personnes qui travaillent dans le domaine de la coopération, afin, peut être d’apporter de l’eau à votre moulin, des doutes créateurs aux vôtres. Mes questions seront volontairement naïves mais présenteront honnêtement mon cheminement, tout naïf qu’il était et qu’il l’est toujours.

Avant le départ du premier séjour voilà ce qui me passait par la tête :

Quelles sont les raisons profondes qui me motivent à m’invertir dans un tel projet?
Est-ce que le fait d’être un homme ne sera pas une difficulté supplémentaire pour travailler avec des groupes de femmes? (puisque je devais travailler avec des productrices d’échalotes, souvenez-vous)
Ne suis-je pas en train de prolonger une fuite commencée depuis plusieurs années?
Qu’est ce que je sacrifie en faisant le choix de poursuivre ce projet?
Serais-je à la hauteur des attentes? De qui?
Serais-je en mesure de transmettre mes réelles intentions et de favoriser un climat de confiance avec les personnes avec qui je vais vivre?

Dés les premiers pas en sol malien certaines questions m’étaient venues :

Qu’est ce qu’un jeune occidental vient chercher, honnêtement, dans une première expérience africaine?
Quelles sont les images que l’on peut avoir de l’Afrique, notamment à travers nos médias, de ce continent avant d’y avoir mis les pieds pour la première fois?
Pourquoi choisir la voie de la coopération pour cette première expérience?
Quel rôle joue la coopération internationale dans le grand théâtre de la mondialisation?
Quel est ma légitimité en tant qu’enfant de l’ancien empire français dans cette région du monde, à peine officiellement (au début des années 1960) libérée de la colonisation?
Quel part de l’héritage impérialiste européen dois-je prendre sur mes épaules?
Ne sommes-nous pas plus critique et exigeant lorsque nous travaillons dans la coopération envers le pays d’intervention qu’envers notre pays d’origine?
Est-ce que tout l’argent, du billet d’avion à l’hébergement en passant par la nourriture et les transports ne seraient pas mieux « investi » s’il était directement reversé aux collectivités locales?
Pourquoi est-ce que j’éprouve tant de répulsions envers des individus de mon propre pays, dans certaine situation?
L’embourgeoisement est-il inévitable lorsqu’augmente les responsabilités dans le domaine de la coopération?
Avoir un sous-sol riche est pétrole, en or ou en diamant n’est-il pas le plus grand risque pour un pays africain?
Pourquoi un virus contre le paludisme n’existe toujours pas?

Au cours du deuxième séjour :

N’est-ce pas nous que nous sauvons en premier lieu, si quelqu’un est sauvé dans le processus?
Dans quelle mesure les connaissances artisanales, musicales, traditionnelles que certains attribuent à l’Afrique ne continuent pas à renforcer une certaine image préconçue de l’Afrique?
N’est ce pas une nouvelle mode que ces séjours de 2-3-4 mois dans un pays en développement?
Certaines personnes ne contribuent-elles pas plus à creuser les distances et à renforcer les préjugés?
Qu’est ce qui compte, finalement dans ces échanges pratiquement à sens unique?
Comment des individus qui n’ont jamais vécu dans des familles nationales peuvent ressentir la vie de famille et les réalités du pays? Est-ce si utile cela dit?
Compte tenu des écarts importants tant économiques que culturels, un réel dialogue est-il envisageable? Qu’est ce qu’un réel dialogue?
A quel point ne mettons nous pas notre santé en jeu avec de telles immersions?
Comment faire valoir notre conviction dans l’importance des droits des femmes? Où en sommes nous d’ailleurs avec cette question dans nos pays occidentaux?
Quelles sont les responsabilités des élites et des populations?
Si je n’étais pas né là-bas mais ici, qui serais-je?
Qu’est ce qu’on appelle la culture mondiale?

En ce moment :

Travailler à l’amélioration de la commercialisation d’une céréale, le riz, qui n’est pas issue du continent mais qui a été apporté, contribue-t-il à nuire au développement des cultures traditionnellement africaines?
Ne sommes nous pas, pour certains dans l’idéalisation de l’Afrique? Est-ce que cela ne la dessert elle pas plus d’ailleurs?
Prenons nous suffisamment conscience qu’il y a plusieurs Afrique?
A partir de quand peut on s’objecter face à certaines pratiques locales, tant sociales que politiques? Comment le faire?
Quels sont les résultats de l’industrie de la coopération depuis ses débuts?
Le rôle du coopérant n’est il pas celui de l’agitateur public?
Que nous apprennent les manifestations qui ont lieu dans plusieurs pays africains contre « la vie chère »? (A Bobodioulaso encore hier au Burkina Faso)
Que peuvent nous apprendre les cohabitations religieuses au Sénégal?
Comment comprendre que les sénégalais soient si difficiles en terme de nourriture?
Est-ce que le sucre contenu dans le riz peut favoriser le diabète?
Le monde est-il prêt à accueillir les millions de réfugiés climatiques des prochaines années?

Ce que je vous propose pour rendre ce blog et ce texte un peu plus interactif, ce serait de m’envoyer sur mon adresse « yahoo » une de ces questions à laquelle vous aimeriez que je tente d’apporter quelques éléments de réflexion. Je vous invite également à joindre à ce message votre adresse postale, il se pourrait bien que les premières personnes à le faire reçoivent quelque chose par la suite…
Merci de vous prêtez au jeu.

L'organisation de la conférence islamique


Je vous transmets la présentation officielle du gouvernement sénégalais d’un évènement international qui aura lieu à Dakar dans les prochaines semaines.

« L'Organisation de la conférence islamique (OCI) est une Organisation internationale qui compte cinquante sept États décidés à rassembler leurs ressources, à unir leurs efforts et à parler d'une seule voix pour défendre leurs intérêts et assurer le progrès et le bien-être de leurs populations et de tous les musulmans, à travers le monde.
L'Organisation a vu le jour à Rabat, Royaume du Maroc, le 12 Rajab 1389 H, correspondant au 25 septembre 1969, à l'occasion de la première réunion des dirigeants du monde islamique, tenue dans la capitale marocaine suite à l'incendie criminel de la Mosquée d'Al-Aqsa, perpétré le 21 août 1969
L'Organisation de la conférence islamique se donne pour buts essentiels:
de promouvoir la solidarité entre états membres;
de prendre toute mesure pour aider à la paix et à la sécurité internationale fondée sur la justice;
de coordonner les efforts de sauvegarde des lieux saints et appuyer la lutte du peuple de Palestine et l'aider à récupérer ses droits et libérer son territoire.
Malgré son nom, cette organisation n'a rien de religieux. Ses buts sont politiques, culturels, économiques et sociaux. C'est ainsi que, d'une part, des États d'idéologie laïque comme, par exemple, l'Algérie, l'Irak, la Turquie ou la Syrie, y participent et que, de l'autre, certains États membres y sont représentés par des chrétiens. A contrario, plusieurs États comptant des centaines de millions de personnes de confession musulmane ne sont pas représentés au sein de l'OCI, comme l'Inde ou de la République Populaire de Chine.
La Conférence des Rois et des Chefs d'États et de Gouvernements - le Sommet islamique - se réunit tous les trois ans et la Conférence des Ministres des Affaires étrangères deux fois par an en sessions normales. »

Logistique

Mes intentions, avec ce blog, restent les même qu’au début de cette expérience sénégalaise : vous partager mon quotidien. C’est pourquoi je mets à votre lecture ce message de l’ambassade du Canada, diffusé ces derniers jours à l’attention des canadiens actuellement dans le pays. Cela fait parti de notre réalité.
Rien de bien inquiétant cela dit.

"Le 11e sommet de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) aura lieu à Dakar, Sénégal, les 13 et 14 mars 2008. Bien que l'État du Sénégal procède actuellement à l'élargissement et à la modernisation de certains axes routiers, les divers déplacements des délégations durant le sommet pourraient réduire considérablement la mobilité urbaine. Nous vous recommandons, ainsi qu'aux membres de votre famille, d'être vigilants dans la programmation de vos activités quotidiennes. Cet avis est aussi en vigueur au cours des jours précédant et suivant la conférence. Les activités entourant la conférence débutent le 5 mars, date à compter de laquelle près de cinq mille visiteurs et délégués sont attendus. Par ailleurs, l'Ambassade du Canada souligne la nécessité pour tous ses citoyens canadiens, partout au Sénégal, de prendre quelques mesures préventives au cours de cette période. Pour cela, il vous faudra:
1. Vous limiter aux sorties essentielles
2. Éviter les foules nombreuses et faire preuve de vigilance dans les lieux publics fréquentés 3. Gardez à portée de main des réserves de produits alimentaires, d'eau et de combustible de cuisine suffisantes pour une semaine, et prévoyez un éclairage d'urgence.
Si vous disposez de moyens de transport, assurez-vous qu'ils peuvent être utilisés en tout temps et dans le cas des véhicules personnels les réservoirs d'essence/diesel sont toujours à un niveau élevé."

Pour ma part je serai de retour à Saint-Louis pendant cette période, avec les producteurs de riz, bien loin de cet évènement d'envergure internationale. Et notons que nous sommes régulièrement avisés par l'ambassade. A ce propos j'ajoute le lien du ministère des affaires étrangères et du commerce international (tient, c'est le même qui fait les deux??).
http://www.voyage.gc.ca/dest/report-fr.asp?country=260000

dimanche 17 février 2008

Un pélican du Djoudj … ou un jet du Djoudj!


Il est vrai que le Parc du Djoudj situé à 80 kilomètres de la ville de Saint-Louis est mondialement connu. Il est considéré comme l’un des grands parcs ornithologiques au monde. En plus des quelques millions d’oiseaux qui y font escale, il est possible d’observer des chacals, des singes, des crocodiles, des pythons ou des varans. La saison dans laquelle nous sommes en ce moment est relativement fraîche pour le pays, j’en conviens, soit environ 24 degrés dans la journée. Je serai même le premier à recommander sa visite qui permet également d’observer les rizières et les périmètres irrigués pour la culture maraîchère.
La France, comme un bon nombre de pays occidentaux, coordonne ses activités de coopération internationale à travers une agence. On l’appelle Agence Française pour le Développement (AFD), comme on l’appelle Agence Canadienne de Développement Internationale (ACDI) au Canada.
Si j’avais pu être mis au courant un peu plus tôt, et si vous n’aviez rien eu à faire, et si vous m’aviez demandé de vous divertir un peu, je vous aurai convié à un grand théâtre de la coopération internationale. La pièce s’est jouée la semaine dernière, non loin de la ville de Saint-Louis. Les acteurs d’abord. Une délégation française, composée du président de l’AFD, accompagné de l’ambassadeur de France au Sénégal et de leurs conseillers. La trame. Ils sont en mission. Au Sénégal. Ils doivent rencontrer les producteurs de riz d’un village organisé en coopérative de production. Les producteurs exploitent quelques 200 hectares d’une terre difficilement irriguée. Bon comment pourraient-ils arriver… Mais oui, en jet privé, directement au petit aéroport de la ville de Saint-Louis. A la descente, quelques véhicules 4X4 les attendent, gyrophares en fête. Le cortège transperce la campagne pour enfin arrivé au lieu de rencontre. Les villageois attendent depuis plus d’1h30. Dans la salle de la coopérative, les chaises, par couleur, sont bien ordonnées. Les agents nationaux ont installée les cartes du casier d’irrigation, qui fut d’ailleurs nettoyé grossièrement et à la hâte, la journée même. Arrive la délégation, poignées de mains par ci, on parcourt les chiffres au mur par là, et hop, 12 minutes plus tard, la caravane s’affère et lève le camp. Chute. Il ne faut pas arriver trop tard au parc du Djoudj.

lundi 4 février 2008

Producteur de riz, pas facile. Productrice pas mieux!

Avec mon collègue mais néanmoins adversaire de tennis, nous rencontrons, dans le cadre de notre travail, les conseils d’administration des unions agricoles affiliées à la fédération que nous sommes venus appuyer. L’un des exercices que nous réalisons nous permet d’en apprendre un peu plus sur les conditions de travail du riz et plus particulièrement sur les revenus qui sont générés après une campagne. Comprenez qu’un producteur cultive en moyenne un hectare de terre et que son rendement moyen se situe autour de 5 tonnes à l’hectare. Le riz cultivé se vend sous forme de paddy, c'est-à-dire non encore décortiqué, 10000 francs CFA les 85 kilogrammes. Soit moins de 23 dollars canadiens, soit 15 euros environ. Le producteur réalisera des recettes de l’ordre de 600000 francs CFA soit 1363 dollars canadiens, soit 923 euros. Pour ce qui est des revenus, l’exercice est assez simple. Ils pourraient vendre la paille de riz mais ce n’est pas encore très répandu, bon nombres de producteurs la brûlent encore directement au champ. C’est lorsque l’on passe à l’examen des coûts engagés et du travail effectué que le calcul se corse. Dés le mois de juin, le producteur signe une entente avec la banque nationale qui finance les campagnes agricoles pour pouvoir acheter les semences et les engrais. Bien évidemment les banques sénégalaises n’étant pas plus amusantes que les autres chargent un taux d’intérêt de 10% annuellement. Le gouvernement sénégalais subventionne l’exercice et réduit ce taux à 6-7%, pour simplifier. Le producteur commence dont l’été par le travail de la terre qui se déroule en plusieurs étapes. Je reviendrai plus en détails une autre fois là-dessus. Il y a les semences à étendre, les engrais à appliquer et les différents suivis qui permettent une bonne irrigation. L’entretient des canaux principaux est à la responsabilité de l’union tandis que l’entretien des diguettes leur revient. Il y aura la chasse aux oiseaux granivores qui peuvent décimer toute la récolte en quelques heures et le suivi des éventuelles maladies. Arriveront le coupage du riz ainsi que le battage qui nécessité parfois d’employer des manœuvres. Les producteurs doivent ensuite payer les sacs et le transport vers le lieu d’entreposage, qui n’est souvent pas gratuit lui non-plus. Arrivera en fin de campagne la redevance d’eau à payer à l’union pour l’entretien et l’administration des canaux d’irrigation. Je pause 3, je retiens 2, j’additionne et je soustrais et j’arrive à la conclusion qu’il ne reste pas grand-chose quand il reste quelque chose. Bien évidemment le travail effectué par le producteur n’est souvent pas pris en compte. Les rendements ne sont pas assurés non plus, certaines récoltes produisent moins de 5 tonnes à l’hectare, dû aux intempéries ou à une qualité douteuse des semences. Les producteurs commenceront leur campagne autour de juin pour vendre en janvier. Bien évidemment ils n’ont pas trop le droit de tomber malade. Les membres de leur famille ne l’ont pas beaucoup plus. Sinon, le producteur devra utiliser des ressources qu’il destinait à sa production pour payer la visite chez le médecin et les médicaments, mettant en péril sa campagne de riz. Pour simplifier les choses, les cours du riz ne sont pas stables non plus, les grandes bourses internationales, que ne contrôlent évidemment pas les producteurs peuvent faire chuter les prix. Il arrive que cela obligera le producteur à vendre à perdre. Dans ce cas, il ne pourra pas rembourser la banque qui ne lui consentira pas de nouveau prêt. Alors il s’endettera au prêt de la famille pour remonter la pente, toujours plus glissante. Les femmes pour leur part, ne réduisent pas les activités familiales dont elles ont traditionnellement la responsabilité et ont des difficultés supplémentaires pour avoir accès à la terre.
Ces producteurs n’ont évidemment pas de salaire. Ils devront étaler les profits de leur campagne sur l’ensemble de l’année pour se nourrir et subvenir aux autres besoins de base. Alors s’ils arrivent à gagner 20000 francs CFA par mois de ce dur labeur soit 45 dollars canadiens, soit 30 euros, alors ils nous accueilleront avec le sourire lors de nos rencontres. S’ils n’ont rien gagné alors ces pères de familles vivant avec les lourdes responsabilités s’y rattachant alors ils ne nous accueilleront pas moins chaleureusement.
Sans ce travail et ces échanges, il ne nous est pas possible de réaliser l’ensemble des difficultés que rencontres ces gens. Les connaissant maintenant, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas… et vous non plus!

Article de presse

DESCENTE DE LA DIC : Sept personnes arrêtées suite à un article sur un mariage homosexuel

La Division des investigations criminelles (Dic) a arrêté hier sept personnes suite à l’article du magazine people faisant état d’un mariage homosexuel à Dakar. Selon notre source, la plupart de ces individus, soupçonnés de s’adonner à la pratique homosexuelle interdite au Sénégal, ont été interpellés par les policiers dans une maison de rencontre qui pourrait faire office de maison close dans ce milieu. Cette maison, ajoute la source, se trouve dans la zone Patte d’Oie-Maristes, sans plus de précision. Dans sa dernière livraison, le magazine Icône publie un dossier sur l’homosexualité illustré de photos d’une cérémonie qui serait un mariage homosexuel célébré dans un restaurant de Petit Mbao. Après cette publication, le patron de ce journal, Mansour Dieng, a reçu des menaces de mort, selon un site d’information sénégalais.

Malick CISS, Le Soleil, 04 février 2008
http://www.lesoleil.sn/article.php3?id_article=33182