vendredi 14 décembre 2007

Une journée de récolte



Quel beau jeudi de récolte j’ai vécu! Nous avions convenu avec Alioune, secrétaire générale de la Fédération des Périmètres Autogérés, que je l’accompagnerai pendant la journée de battage de son riz. Arrivée à la gare routière de Saint-Louis vers 8h00, j’arrivais finalement au lieu de rendez-vous vers 10h30, moins de 40 kilomètres plus loin. Bien sûr, il fallait que le bus soit plein avant qu’il ne parte. Mais la conception du temps ici est différente, ça on l’apprend partout dans le monde. Ce qu’on apprend moins, c’est en quoi cette conception l’est effectivement. J’y reviendrai une autre fois. (J’ai bien peur, malheureusement, que, tout comme Catherine pendant son cours de philo, ces questions remis à la fin de l’année ne soient jamais abordées. Cultivons donc nos amitiés et nous aurons tout le temps d’y revenir la prochaine fois que nous nous reverrons). Simplement, vous signaler que dans ce même véhicule, j’ai retrouvé le comptable d’un programme majeur en agriculture, le PINORD, financé par Oxfam – Grande-Bretagne et que nous avons quasiment tenu réunion. Nous avons échangé autour de la commercialisation du riz et nous avons convenu que je serai invité dans leurs prochaines rencontres sur le sujet. Finalement, nous nous sommes donnés rendez-vous début janvier pour une visite avec son équipe à Ross Bethio.
On se retrouve donc avec Alioune à quelques minutes à pied de ses 3,5 hectares de culture. À notre arrivée, bien sûr, la batteuse est déjà en action. Cinq hommes s’y affèrent. Un autre referme les sacs de 85 kilos avec un long clou et un gros fil vert, qui permettrait à Alioune de reconnaître ses sacs s’ils étaient mélangés avec d’autres. Le soleil est battant, le bruit sourd de la batteuse rythme cette journée d’importance. C’est la récolte. Alors on surveille la qualité du riz, on estime la production de cette année, on transpire, c’est la récolte. Une cinquantaine de ces sacs de riz paddy, à savoir non encore décortiqué, sortiront de l’hectare qui sera battu aujourd’hui (6 tonnes à l’hectare, ce qui est au-dessus des moyennes habituellement). Tantôt la batteuse bourre. Tantôt, il faut la déplacer avec deux ânes pour l’approcher du prochain tas de tiges de riz coupées quelques jours plus tôt à la main. Et tout au long de la journée, des femmes viennent réclamer leur repas. C’est une sorte de Zarat inversée (Je m’excuse puisque je ne suis pas certain de l’orthographe). La Zarat est prescrite par le Coran et constitue l’un des cinq piliers de l’Islam. Il s’agit de faire don d’une partie de son travail à la communauté. « Pas d’économique sans social » résume Alioune, rempli d’une fierté légitime, lorsque ces groupes de femmes viennent le solliciter. Zarat inversée puisqu’à l’habitude, c’est une personne qui offre et pas quelqu’un qui demande. Peu importe. Ceux sont pas moins de 2 sacs de 85 kilos qu’il remit ainsi au cours de la journée aux quelques 35 femmes, venues tout sourire, lui présenter leurs sacs en jute et leurs seaux. Je découvre un homme sensible à la générosité. Il fait la même chose pendant la production de tomates en contre saison du riz. Il me raconte avoir été très touché par les marques de générosité que lui avaient témoignée la famille d’accueil québécoise chez qui il habita lors d’un stage en agriculture organisé par l’Union des Producteurs Agricoles du Québec.
Vers l’heure du midi (comprendre autour de 14h30) des femmes, dont la première femme d’Alioune, et des enfants arrivent en charrette et apportent le repas. A l’ombre d’un arbre, elles divisent le riz au poisson. Le souvenir des journées de récolte des foins en Normandie me revient. Je m’attends presque à sentir l’odeur du cidre qu’on servait le midi avec les pâtés et les rillettes. Finalement, les travailleurs, quelques femmes et les enfants entourent les trois grands plats communs. Nous serons environ 15 personnes à partager ce délicieux plat, servi en pleine nature, par cette belle journée de récolte. Suivront le thé, une petite pause et le concert de la batteuse reprendra.

L’histoire de mon premier Maffé

Le Maffé est un plat typiquement ouest africain. J’ai pu le découvrir pour la première fois au Mali sous le nom de « Tigadege » et je dois dire que les sénégalais savent également l’apprêter. La sauce aux arachides qui en est la base, accompagnée de légumes, tantôt de poisson, mais plus souvent de bœuf, recouvre un riz blanc, le plus souvent local, on l’espère. Bien sûr, je reviendrai plus spécifiquement sur le riz ultérieurement. Les anciens collègues de la vie bancaire que j’essaie le plus souvent d’oublier, m’avaient fait le sympathique cadeau d’un livre de recettes africaines. Cette semaine, ayant un peu de temps devant moi, je décidai de m’attaquer à ce fameux Maffé. Prenant mon courage à deux mains, je me suis engouffré dans le très vivant marché de Sor. Je vous rappelle que je vis sur une île, encastrée entre la terre ferme et la Langue de Barbarie, une bande de sable accessible grâce à un pont. Donc, d’un côté le pont Malick-Gaye pour se rendre sur la Langue de Barbarie et de l’autre le pont Faidherbe pour se rendre sur la terre ferme, là où se trouve le marché de Sor. Il est écrit dans le guide touristique « Le routard » parfois très désagréable à lire notamment pour les préjugés qu’il véhicule, que les locaux feraient une blague récurrente sur ce dernier pont. En effet, bien qu’il soit long de 507 mètres, il serait le plus léger au monde, car….Faidherbe… Je pense qu’il n’est pas nécessaire d’avoir écrit une thèse sur l’humour français pour en découvrir la griffe. Passons.
Je passe donc ce pont et commence par chercher un sachet de pâte d’arachide, ingrédient central du plat que je voulais cuisiner. C’est alors qu’un petit groupe de femmes, assis au coin d’un magasin de tissus, m’interpellent et me demandent ce que je fais avec ça dans les mains. A leur grand étonnement, elles apprennent mes intentions et les échanges s’accompagnent de rires interminables. Finalement, l’une d’elle fera le marché avec moi, pour s’assurer que je n’oublie aucun ingrédient. Elle ira même jusqu’à négocier les prix pour moi. La journée était bien commencée.
Je cuisine pendant deux bonnes heures et je décide, pas peu fier du résultat, d’inviter la femme qui fait le ménage chez moi à se joindre à moi pour le repas du midi. Elle commença par me dire, après y avoir gouté, que ma soupe était très bonne, que plusieurs femmes sénégalaises ne sauraient pas la préparer. Le compliment est de taille, mais malheureusement, mon intention n’était pas de préparer une soupe. Cela dit, je n’avais pas prévu réussir ce plat, dés la première fois et ensemble nous énumérons ce que j’aurai à améliorer. Finalement, le soir même, un ami passe pour que l’on parte ensemble voir le match Lyon-Glasgow. Il n’avait pas encore mangé. Je continue donc mes séances de torture et je l’invite. Il mangea le tiers de son assiette, prétexta qu’on avait un match à voir et conclue qu’il ne me restait qu’à améliorer ma recette.
J’en suis donc arrivé à la conclusion, que mesdames africaines, vous avez habitués vos hommes à de hauts standards en matière de cuisine. Ce que je trouvais plus que mangeable, n’arrivait pas à la cheville de votre Maffé. Mais comme le rappelait Thomas Sankara (je m’excuse d’avance puisque le contexte n’était certainement pas le même) « Là où s’abat le désespoir, réside la gloire des persévérants ». Je reprendrai donc cette tentative de Maffé et je vous en reparlerai.

mercredi 5 décembre 2007

La Langue de Barbarie, de qui?


De Barbarie. C’est une île reliée à l’île de Saint-Louis par un pont d’une dizaine de mètre. Le fleuve Sénégal les sépare. De l’autre côté de l’île, l’océan Atlantique, notamment. Je n’ai rien lu encore sur cette île. Je vous livre uniquement ma perception des atmosphères variés et très intenses que j’apprends à saisir à chacune de mes visites. Vous enjambez le pont. Les rives sont colorées de longues pirogues. Nous entrons dans le domaine des pêcheurs. En arrivant sur son dos, on peut presque apercevoir l’océan de l’autre côté. Et presque percevoir le chalutier géant, sud coréen, stationné à quelques kilomètres de la plage. Ils sont là depuis un mois. Ils ont des difficultés à recruter le nombre nécessaire de pêcheurs saint-louisiens, pour partir en haute mer, remplir les calles de poissons et retourner en Asie. Les conditions de travail y sont très difficiles. Ils ne donnent que 5 litres d’eau par jour et par pêcheur, me dit-on. Sur la partie droite de l’île, un réseau de petits couloirs au milieu de petits magasins couverts. Des tailleurs qui s’affèrent pour rentrer dans les délais pour lesquels ils se sont engagés. La fête musulmane de la Tabaski approche. Des vendeuses de fruits et légumes avec leurs grands sourires et cette dignité qui vous rend plus humble. Une grande boucherie, des quincailleries à n’en plus finir, des vendeurs de moutons, des vendeuses de tissus en affaire. On s’y perdrait, mais avec plaisir. Bien sûr j’ai mes points de repère. Il y a le tailleur qu’Alouine m’a recommandé. Il s’agit du secrétaire général de la fédération agricole avec qui j’ai commencé à travailler. Il y fait confectionner tous ces habits. Il y a Amsatou, la sœur du directeur du CECI pour le Sénégal. Elle y tient une étale de tissus. Dans ce méandre de petits commerces, elle m’a déjà trouvé une très bonne couverture, les nuits sont fraîches en ce moment. Elle m’a vendu un bon tissu pour recouvrir le matelas de mon lit. Et il y a cette boucherie dans laquelle on m’a accueilli avec empressement. Un entrepôt gigantesque dans lequel tournoient les carcasses de bovins. C’est sûr, mon premier ragout me ramènera ici sous peu. Cette partie de l’île est très vivante, très agréable.
L’autre partie est plus difficile d’accès me semble-t-il. Physiquement, c’est moins étroit, il y a beaucoup moins de commerce. Mais le nombre de personne y est si important. On le compare, paraît-il aux quartiers de Calcutta, pour la densité de population. Et il m’a semblé qu’au moins les trois quarts des individus avaient moins de 16 ans. Il y a tellement d’enfant. Tu sais, me disait Modou, le chauffeur du CECI, « ici, il est rare qu’un homme n’est qu’une seule femme ». D’ici parte toujours les jours des camions entiers remplis de poissons frais ou séchés. C’est l’univers des pêcheurs. On ne vit presque que de la pêche. Sur des portes, le symbole des marabouts mourides. Ce sont des « professeurs coraniques » très respectés. On ressent rapidement en marchant dans les rues, une homogénéité, un collectif très soudé et régis par un mode de vie très codés. Bien sûr, je n’en saisi presque rien. Par contre, ce que je sais, c’est que depuis que j’ai vu les premières pirogues je n’arrête pas de questionner Modou sur les habitudes de pêches des habitants de l’île. Penses-tu que je pourrais partir en mer avec eux? Combien de temps partent-ils? Certains d’entres eux, affrontent parfois les gardes côtes mauritaniens, me répond-il. Mais tu pourrais demander à Cheik, il en connaît, il pourrait te mettre en contact avec une embarcation sûre et qui n’irait pas vers la Mauritanie. La frontière est très proche et les eaux sénégalaises ne sont plus aussi poissonneuses qu’avant. Depuis que les bateaux-usines européens ont acquis les droits de pêche sénégalais, ils poussent progressivement les pêcheurs sénégalais vers d’autres activités. Le carburant, l’achat des bateaux, les droits de pêches, tout est subventionné par la communauté européenne. Un seul bateau européen traite en une journée ce qu’un piroguier sénégalais pêche en 55 ans. Il est devenu plus rentable pour un pêcheur de vendre sa pirogue aux passeurs d’immigrants illégaux.
Les femmes donnent l’impression d’alimenter les fumoirs jours et nuits. De jeunes garçons armés d’un fil et d’un hameçon s’exercent aux rudiments de la pêche. L’endroit est mystérieux. Il m’attire.
Bien sûr, vous êtes les bienvenus pour découvrir cet environnement qui n’est qu’à 10 minutes de mon appartement. Il y a un aéroport international à Saint-Louis, une chambre d’amis dans mon appartement. La ville est sûre, très colorée. Ne l’entendez-vous pas? elle vous appelle!

mercredi 28 novembre 2007

Bienvenue chez les sénégaulois!

C’est au XVIIème siècle que des normands ont établi un premier comptoir colonial à l’embouchure du fleuve maintenant appelé fleuve Sénégal. La ville nommée Saint Louis, en l’honneur de Louis XIII, joua un rôle économique de premier plan, notamment avec le commerce de la gomme arabique. Elle fut également une plaque tournant de la traite des esclaves. Le gouvernement de l’Afrique Occidentale française (AOF) qui y était installé déménagea en 1902 pour être transférée à Dakar, ville devenue plus active notamment grâce au commerce de l’arachide, notamment.
Mais si le pays est officiellement indépendant depuis le 20 juin 1960, les traces de la présence française sont multiples. Elles sont peut être d’autant plus apparentes que Saint Louis est plus petite que Dakar. La dilution est moins grande. La baguette française, qui coûte d’ailleurs 135 francs CFA (soit 30 sous canadiens, soit 20 centimes d’euro) se retrouve facilement à Saint Louis. J’ai fait la découverte, hier, d’une fromagerie, d’une charcuterie et d’un petit supermarché. Vache qui rit, camembert, terrines de lapin, de sanglier, ou de cerf, Nutella, madeleines, herbes de Provences… font partis du paysage. Ma nutritrionniste à Montréal n'aimerait pas lire ça. Nestlé et ses amis garnissent les 8/10 des étalages. Le reste, des produits chinois. Alors que j’avais apporté mes baguettes chinoises et des trucs pour me faire des soupes tonkinoises,… j’ai voulu me pendre en les découvrant sur les étales. Disons que je pourrais me réapprovisionner facilement.
Et que manque-t-il au tableau selon vous?
Un consulat français. Bonne réponse. Avec son centre culturel français. Je vous raconte.
Je prends donc mon courage à deux mains. J’avais croisé quelques touristes occidentaux dans les rues de la ville durant la journée. J’ai également pu observer des véhicules des coopérations allemande et espagnole et un groupe d'étudiants étatsusiens. J’allais maintenant me jeter dans la gueule de la micro société française de Saint Louis. Ce n’est pas si catastrophique, j’en rajoute un peu. Le centre culturel propose, en effet, du théâtre, du cinéma (ni Hollywood, ni Christian Clavier et autres Bernard Lermite au programme), des expositions, de la danse, des contes, une bibliothèque bien garnie, et même un café philosophique qui s’organise une fois par mois, autour de profs de philo sénégalais. J’avais quand même eu besoin de 7-8 années à Montréal avant de trouver ce genre de rencontre, dans le quartier Côte-des-neiges. J’avoue avoir hâte au 12 décembre pour la prochaine rencontre, je vous en reparlerai. Passons.
Je me présente donc à l’accueil du centre culturel. Personne derrière le comptoir. Finalement, un homme, me faisant penser un peu au major d’homme de la Castafiore, vêtu de façon un peu plus décontracté quand même, sort d’un couloir et s’avance vers moi. Après un rapide bonjour et une petite question pour connaître la raison de ma venue au centre culturel et de ma présence dans la ville de Saint Louis, son visage s’élumine. Je viens tout simplement de lui répondre que je vais habiter la ville pour la prochaine année, travaillant pour la coopération canadienne, je viens faire un premier contact avec le centre culturel. « Tabarnac ! », me lâche-t-il. « J’adore le Canada et les Canadiens. Je n’y suis jamais allé, mais le contact est si simple avec eux, ils sont tellement comme-ci et tellement comme ça… ». Ma journée était faite. Je me permets cette petite parenthèse, pour le lectorat français. Le mot « Tabarnac » a un sens et une origine. Il est bon de les connaître avant de l’utiliser. C’est un mot très vulgaire, pour ne pas dire le plus vulgaire d’une série de sacres ayant une référence au catholicisme. Dans le meilleur des cas, il pourrait équivaloir le « putain » français, dans le pire, il se rapprocherait d’un « fils de p… » dans l’expression, « mon T… ». Dans tous les cas, le fait qu’il soit passible de sanctions dans les foyers québécois, des parents pour les enfants qui le prononcent, nous invite à ne pas le dire en présence de la jeunesse et de réaliser que son sens est lourd. Il y a beaucoup d’autre chose à dire pour rentrer en contact avec les québécois. Essayez « soupe aux pois ! » ou « sipâtes » ou « stade olympique », mais un peu de retenu pour ce « T… ». Fermons la parenthèse.
Il se trouve que ce major d’homme semble être le directeur du centre culturel. Il m’invite donc hier, à la représentation de théâtre de ce soir. « Le consul sera présent, je vous le présenterai » me livra-t-il de façon sympathique mais avec le ton de voix et le roulement d’œil appropriés.
Vous connaissez maintenant mon emploi du temps pour le reste de la journée. Continuer de me chercher un appartement à Saint-Louis, et ce soir, désolais, j’ai consul!

jeudi 22 novembre 2007

Ce que je comprends des manifestations d’hier…

Mercredi 21 novembre, le centre ville de Dakar a été le théâtre de manifestations qui ont tournées en affrontements avec les forces de l’ordre. Ça fait officiel, comme première phrase, vous ne trouvez pas? Continuons. Une première manifestation, organisée par un regroupement de syndicats, devait dénoncer la cherté de la vie et l’augmentation des prix des produits de base. Elle avait été autorisée par les autorités publiques et devait se dérouler vers 15h00. Seulement, une autre manifestation plus spontanée s’est organisée en matinée. Il s’agissait, semble-t-il, de commerçants ambulants qui manifestaient contre une mesure prise quelques jours auparavant par le gouvernement sénégalais.
Je dois vous mettre un peu plus en contexte. Une des conséquences du conflit ivoirien, est que les organisations internationales et les grands sièges sociaux des entreprises basées à Abidjan, ont progressivement déménagé vers Dakar. Conséquence, on s’en doute, le prix des loyers à Dakar a complètement explosé au point de se comparer à ceux de Montréal. Parallèlement, notamment à cause de la nouvelle révolution de l’éthanol (c’est une horreur d’ailleurs, mais j’ai prévu de vous en parler une autre fois, mais croyez-moi, j’y reviendrai) le prix des céréales en général à sensiblement augmenté. Et elles constituent les produits les plus consommés par les sénégalais. Autant vous dire que le taux d’inflation depuis 2 ans est en forte augmentation. Aucun chiffre officiel n’est sorti pour le moment. Le gouvernement n’est pas très pressé de les divulguer. Je ne comprends pas pourquoi.
Il règne un climat de tensions directement lié aux conditions de vie qui se détériorent. Il faut ajouter que trois grandes artères de la ville sont en reconstruction en même temps. Le trafic et les embouteillages sont très importants. Et Dakar ne cesse de grossir du fait d’un exode rural qui ne ralenti pas depuis une dizaine d’années. De plus, en mars prochain, le sommet islamique mondial doit être organisé par le Sénégal. Il fut retardé à quelques reprises puisque les travaux d’aménagement des infrastructures nécessaires pour l’événement, qui regroupera des délégations de tous les pays musulmans de la planète, étaient loin d’être complétés. Ces nombreux travaux ralentissent la circulation et s’ajoutent aux autres sources de tensions déjà majeures.
Ainsi, lorsque les autorités ont chassé, en début de semaine, tous les vendeurs ambulants de quelques grandes rues de la ville, pour les « oxygéner », ils venaient par le fait même, de priver d’un faible revenu des individus vivants déjà dans une grande précarité. Il semble donc que ces mêmes personnes aient décidé de se manifester hier matin. N’ayant pas grand-chose à perdre, ils s’en sont pris à des édifices gouvernementaux et à quelques voitures et petits commerces. Comme ce n’était pas tout à fait annoncé, les autorités alors mobilisées ont été un peu débordées. Il semble également que les manifestants étaient très bien organisés au point de se demander si les partis d’opposition n’ont pas accompagné ce petit soulèvement.
Aujourd’hui, le calme est revenu (disait Barzotti), mais les tensions sont encore palpables. Je suis passé en voiture dans le centre ville en fin de matinée aujourd’hui et les policiers étaient plus nombreux. Mais de petits regroupements de personnes semblent annoncer que les manifestants d’hier ne s’arrêteront pas là. A la suite des premières altercations, dés le début de l’après midi, hier, le gouvernement a annulé l’autorisation de la marche syndicale.
De mon côté, notre bureau n’est pas tout à fait dans le centre ville. Dés que nous avons entendu que les étatsuniens travaillant dans le centre ville (oui, ils sont là aussi ceux-là) étaient fortement priés de rentrer chez eux, j’ai pris le chemin de mon logement. Ce matin, je me suis préparé pour le départ de demain, direction Saint-Louis. Les occidentaux ne sont pas visés par les revendications et je suis dans un organisme qui en a vu d’autres et qui ne prend aucun risque. Nous sommes constamment en lien avec l’ambassade du Canada. Personnellement, je n’ai rien vu de la journée d’hier, preuve que nous avons fait ce qu’il fallait.

mercredi 21 novembre 2007

Excusez moi, j’ai oublié de faire les présentations…

Je vous présente donc le Sénégal :

La devise : un peuple, un but, une foi
Capitale : Dakar (environ 2.500.000 habitants) (Et plus avec la périphérie)
Langue officielle : Français; Langue couramment parlée : Wolof (je m’y mets bientôt)

Données historiques :
04/04/1960 Indépendance du Sénégal qui était une colonie française depuis 1638.
05/09/1960 Proclamation de la République du Sénégal sous la présidence de Léopold Sédar Senghor
12/01/1994 Dévaluation du franc CFA
17/03/2000 Défaite de Abdou Diouf après plus de 19 ans au pouvoir (1er janvier 1981).
02/04/2000 Abdoulaye Wade devient le 3ième Président de la République du Sénégal.
2001 Nomination de Mme Madior Boye : première femme Premier Ministre au Sénégal.
2007 Réélections du président Adboulaye Wade

La population du pays approche les 12 millions d’habitants

Les religions :
Musulman à 95 %
Les chrétiens représentent 4,4% de la population.
Les animistes et les autres religions ne sont que 1% de la population.

Éducation :
Chez la population de 14 ans et plus, on note un taux d’analphabétisme de 55%. Ce taux atteint 74% dans les régions, 40% à Dakar et 50% dans les autres centres urbains

Emploi :
La population active est estimée à 56% de l’ensemble de la population. Les chômeurs et les inactifs représentent 44% de la population active.

On remarque que la majorité des travailleurs (81,2%) sont des agriculteurs ou ouvriers de l’agriculture ou de la pêche ainsi que des ouvriers ou employés non - qualifiés.

Relief et Climat : (N’apportez pas vos skis…)
Le Sénégal est un pays plat et peu élevé, il est essentiellement constitué de plaines et de plateaux. Au Sud s’élève le relief du Fouta Djalon (plateau de Kédougou) avec un point culminant à 581 m.
Le climat est sahélien semi - désertique avec une végétation steppique au Nord, soudanien au centre (savane plus ou moins arborée) ainsi que tropical et humide au Sud avec des forêts denses.

mardi 20 novembre 2007

Une journée à Gorée



Entre l’arrivée à Dakar, les premières prises de contacts, et avec la ville et avec les collègues de travail, et le départ pour la région de Saint-Louis, j’ai pu me rendre à l’île de Gorée. Ce n’est d’ailleurs qu’une fois le billet aller-retour acheté que je me suis souvenu que cette visite était dans le programme de mon premier séjour au Mali. Mes plans avaient été contrariés par un incident qui m’avait obligé à écourter mon séjour en Afrique. Ce dimanche, moins de deux années plus tard, je prenais le bateau vers l’île. Elle s’ouvrit à moi au moment où se déroulait le « Gorée Diaspora Festival ». Le site, si tristement historique pour son rôle dans l’esclavage, était lieu de fêtes. Douze films furent présentés dans l’ancien palais du gouverneur de l’île autour du thème « Exils et Mémoires ». J’ai pu y voir « Macunaïma » un film du réalisateur brésilien Joaquim Pedro de Andrade, l’un des grands noms du Cinéma Novo, mouvement qui révéla au monde l’inventivité baroque des cinéastes brésiliens et leur engagement politique sous la dictature militaire des années 50-60. Un film très surprenant, drôle mais violent dans les thèmes abordés. Dans un registre plus léger le festival présentait « Afriqua Paradis » qui est peut être encore à l’affiche en France. C’est l’histoire d’un couple de français qui ne tiennent plus dans le pays sous-développé qu’est la France et tentent par tous les moyens d’aller vivre en Afrique. Mais les lois de l’immigration sont dures et n’entre pas en Afrique qui veut. Ils décideront d’immigrer clandestinement… Clin d’œil absurde aux difficultés liées à l’immigration vers les pays occidentaux.
Qu’il était intense de voir ces deux équipes de jeunes sénégalais jouer au foot non loin de l’ancienne maison des esclaves. Cette scène m’avait inspiré une réflexion (désolais je vous la partage…). « La jeunesse est comme ces coraux qui réapparaissent progressivement au fond de la mer après une grande tempête ». (Re-désolais). L’île est relativement petite, les maisons sont très colorées. L’histoire a gravé ses scarifications sur le rocher. La maison des esclaves se visitent. On y découvre la porte appelée « porte du non retour », directement ouverte vers le large. Au sommet de l’île, des canons longues portées, rappelle que l’Afrique fut également un lieu de conflit lors de la seconde guerre mondiale.
La journée fut très ensoleillée et source de nombreuses réflexions. Finalement, j’ai pris un bateau qui m’a … ramené à Dakar.

jeudi 15 novembre 2007

Arrivée en douceur

Quelques heures d’avion plus tard. Une escale très sympathique de 12 heures à Casablanca plus tard. J’avais une chambre de réservée dans le centre ville ce qui m’a permis de faire un tour au grand marché, de boire un thé et de faire une sieste. Une arrivée tourbillonnante à Dakar de nuit plus tard. Et me voilà chez Mme Ba. C’est le point de chute des coopérants CECI. Je suis seul dans un appartement dans lequel je vais passer les 8 prochains jours, le départ pour Saint Louis étant prévu le 23 novembre.

Le trajet fut long, mais à ma grande surprise, il ne m’a pas épuisé. L’atmosphère fut chaude à l’arrivée mais pas suffocante. En résumé, à part une bouteille de crème solaire éclatée dans l’une des valises qui m’a obligée à faire un peu de lavage ce soir, je suis ravi du trajet Montréal – Dakar. Il est bien trop tôt pour vous livrer mes premières impressions, mais une chose est sûre, je suis entre de bonnes mains, au sein d’un organisme professionnel et expérimenté.

lundi 22 octobre 2007

Ross Bethio, j'arrive!




Bienvenue dans ce nouveau blog qui vous permettra d’avoir de mes nouvelles au cours de la prochaine année. Je vais essayer de l’alimenter régulièrement, je vous invite donc à venir et à revenir le visiter.
La date est mon départ pour le Sénégal est fixée au 13 novembre.
Pour celles et ceux qui sont un peu perdus par rapport à ce nouveau projet, voici un petit résumé :
Je vais travailler au Sénégal pour une période d’une année dans un projet agricole. Je suis embauché par le CECI (Centre d’étude et de coopération internationale – Organisation Non Gouvernementale québécoise dont le siège social est basé à Montréal). Localement, le partenaire se nomme la Fédération des Périmètres Autogérés (FPA). Je vais donc occupé un poste de conseiller en commercialisation du riz au sein d’un réseau de coopératives agricoles dans la vallée du fleuve Sénégal à 35 kilomètres de la ville de Saint-Louis. Petit à petit vous en saurez plus lorsque je découvrirai moi-même le contexte, les enjeux et les problématiques de ce projet qui m’a attiré dés la première prise de connaissance.

L’offre d’emploi commençait ainsi :
« Les Unions de producteurs membres de la Fédération des Périmètres Autogérés (FPA) commercialisent du riz sous forme de paddy ou décortiqué. Le Sénégal produit environ 50.000 tonnes de riz par an et en importe près de 200.000 t/ an. Aujourd'hui, l'option du gouvernement et des organisations de producteurs est d'améliorer la compétitivité de la production locale en vue de garantir la sécurité alimentaire et les revenus des producteurs. En cela, l'organisation des producteurs nécessite d'être accompagnée dans l'élaboration d'une stratégie de commercialisation de la production de ses membres. Comme il existe une demande relativement forte de riz au niveau des centres urbains, la stratégie contribuera à mieux positionner le riz local et lui fera gagner des parts de marché par rapport au riz importé ».


Ce projet s’inscrit tout à fait dans mes recherches concernant le concept de souveraineté alimentaire. Je vous en reparlerai, bien sûr.
Ce blog n’implique pas nécessairement qu’on ne pourra pas échanger à travers des e-mails. En découvrant mon lieu de travail et d’habitation je pourrai évaluer mes facilités à accéder à Internet. Par contre, je lirai vos nouvelles avec grand plaisir! A ce jour, il est prévu que je vive à Ross Bethio, une petite ville de 6000 habitants.