mercredi 28 novembre 2007

Bienvenue chez les sénégaulois!

C’est au XVIIème siècle que des normands ont établi un premier comptoir colonial à l’embouchure du fleuve maintenant appelé fleuve Sénégal. La ville nommée Saint Louis, en l’honneur de Louis XIII, joua un rôle économique de premier plan, notamment avec le commerce de la gomme arabique. Elle fut également une plaque tournant de la traite des esclaves. Le gouvernement de l’Afrique Occidentale française (AOF) qui y était installé déménagea en 1902 pour être transférée à Dakar, ville devenue plus active notamment grâce au commerce de l’arachide, notamment.
Mais si le pays est officiellement indépendant depuis le 20 juin 1960, les traces de la présence française sont multiples. Elles sont peut être d’autant plus apparentes que Saint Louis est plus petite que Dakar. La dilution est moins grande. La baguette française, qui coûte d’ailleurs 135 francs CFA (soit 30 sous canadiens, soit 20 centimes d’euro) se retrouve facilement à Saint Louis. J’ai fait la découverte, hier, d’une fromagerie, d’une charcuterie et d’un petit supermarché. Vache qui rit, camembert, terrines de lapin, de sanglier, ou de cerf, Nutella, madeleines, herbes de Provences… font partis du paysage. Ma nutritrionniste à Montréal n'aimerait pas lire ça. Nestlé et ses amis garnissent les 8/10 des étalages. Le reste, des produits chinois. Alors que j’avais apporté mes baguettes chinoises et des trucs pour me faire des soupes tonkinoises,… j’ai voulu me pendre en les découvrant sur les étales. Disons que je pourrais me réapprovisionner facilement.
Et que manque-t-il au tableau selon vous?
Un consulat français. Bonne réponse. Avec son centre culturel français. Je vous raconte.
Je prends donc mon courage à deux mains. J’avais croisé quelques touristes occidentaux dans les rues de la ville durant la journée. J’ai également pu observer des véhicules des coopérations allemande et espagnole et un groupe d'étudiants étatsusiens. J’allais maintenant me jeter dans la gueule de la micro société française de Saint Louis. Ce n’est pas si catastrophique, j’en rajoute un peu. Le centre culturel propose, en effet, du théâtre, du cinéma (ni Hollywood, ni Christian Clavier et autres Bernard Lermite au programme), des expositions, de la danse, des contes, une bibliothèque bien garnie, et même un café philosophique qui s’organise une fois par mois, autour de profs de philo sénégalais. J’avais quand même eu besoin de 7-8 années à Montréal avant de trouver ce genre de rencontre, dans le quartier Côte-des-neiges. J’avoue avoir hâte au 12 décembre pour la prochaine rencontre, je vous en reparlerai. Passons.
Je me présente donc à l’accueil du centre culturel. Personne derrière le comptoir. Finalement, un homme, me faisant penser un peu au major d’homme de la Castafiore, vêtu de façon un peu plus décontracté quand même, sort d’un couloir et s’avance vers moi. Après un rapide bonjour et une petite question pour connaître la raison de ma venue au centre culturel et de ma présence dans la ville de Saint Louis, son visage s’élumine. Je viens tout simplement de lui répondre que je vais habiter la ville pour la prochaine année, travaillant pour la coopération canadienne, je viens faire un premier contact avec le centre culturel. « Tabarnac ! », me lâche-t-il. « J’adore le Canada et les Canadiens. Je n’y suis jamais allé, mais le contact est si simple avec eux, ils sont tellement comme-ci et tellement comme ça… ». Ma journée était faite. Je me permets cette petite parenthèse, pour le lectorat français. Le mot « Tabarnac » a un sens et une origine. Il est bon de les connaître avant de l’utiliser. C’est un mot très vulgaire, pour ne pas dire le plus vulgaire d’une série de sacres ayant une référence au catholicisme. Dans le meilleur des cas, il pourrait équivaloir le « putain » français, dans le pire, il se rapprocherait d’un « fils de p… » dans l’expression, « mon T… ». Dans tous les cas, le fait qu’il soit passible de sanctions dans les foyers québécois, des parents pour les enfants qui le prononcent, nous invite à ne pas le dire en présence de la jeunesse et de réaliser que son sens est lourd. Il y a beaucoup d’autre chose à dire pour rentrer en contact avec les québécois. Essayez « soupe aux pois ! » ou « sipâtes » ou « stade olympique », mais un peu de retenu pour ce « T… ». Fermons la parenthèse.
Il se trouve que ce major d’homme semble être le directeur du centre culturel. Il m’invite donc hier, à la représentation de théâtre de ce soir. « Le consul sera présent, je vous le présenterai » me livra-t-il de façon sympathique mais avec le ton de voix et le roulement d’œil appropriés.
Vous connaissez maintenant mon emploi du temps pour le reste de la journée. Continuer de me chercher un appartement à Saint-Louis, et ce soir, désolais, j’ai consul!

jeudi 22 novembre 2007

Ce que je comprends des manifestations d’hier…

Mercredi 21 novembre, le centre ville de Dakar a été le théâtre de manifestations qui ont tournées en affrontements avec les forces de l’ordre. Ça fait officiel, comme première phrase, vous ne trouvez pas? Continuons. Une première manifestation, organisée par un regroupement de syndicats, devait dénoncer la cherté de la vie et l’augmentation des prix des produits de base. Elle avait été autorisée par les autorités publiques et devait se dérouler vers 15h00. Seulement, une autre manifestation plus spontanée s’est organisée en matinée. Il s’agissait, semble-t-il, de commerçants ambulants qui manifestaient contre une mesure prise quelques jours auparavant par le gouvernement sénégalais.
Je dois vous mettre un peu plus en contexte. Une des conséquences du conflit ivoirien, est que les organisations internationales et les grands sièges sociaux des entreprises basées à Abidjan, ont progressivement déménagé vers Dakar. Conséquence, on s’en doute, le prix des loyers à Dakar a complètement explosé au point de se comparer à ceux de Montréal. Parallèlement, notamment à cause de la nouvelle révolution de l’éthanol (c’est une horreur d’ailleurs, mais j’ai prévu de vous en parler une autre fois, mais croyez-moi, j’y reviendrai) le prix des céréales en général à sensiblement augmenté. Et elles constituent les produits les plus consommés par les sénégalais. Autant vous dire que le taux d’inflation depuis 2 ans est en forte augmentation. Aucun chiffre officiel n’est sorti pour le moment. Le gouvernement n’est pas très pressé de les divulguer. Je ne comprends pas pourquoi.
Il règne un climat de tensions directement lié aux conditions de vie qui se détériorent. Il faut ajouter que trois grandes artères de la ville sont en reconstruction en même temps. Le trafic et les embouteillages sont très importants. Et Dakar ne cesse de grossir du fait d’un exode rural qui ne ralenti pas depuis une dizaine d’années. De plus, en mars prochain, le sommet islamique mondial doit être organisé par le Sénégal. Il fut retardé à quelques reprises puisque les travaux d’aménagement des infrastructures nécessaires pour l’événement, qui regroupera des délégations de tous les pays musulmans de la planète, étaient loin d’être complétés. Ces nombreux travaux ralentissent la circulation et s’ajoutent aux autres sources de tensions déjà majeures.
Ainsi, lorsque les autorités ont chassé, en début de semaine, tous les vendeurs ambulants de quelques grandes rues de la ville, pour les « oxygéner », ils venaient par le fait même, de priver d’un faible revenu des individus vivants déjà dans une grande précarité. Il semble donc que ces mêmes personnes aient décidé de se manifester hier matin. N’ayant pas grand-chose à perdre, ils s’en sont pris à des édifices gouvernementaux et à quelques voitures et petits commerces. Comme ce n’était pas tout à fait annoncé, les autorités alors mobilisées ont été un peu débordées. Il semble également que les manifestants étaient très bien organisés au point de se demander si les partis d’opposition n’ont pas accompagné ce petit soulèvement.
Aujourd’hui, le calme est revenu (disait Barzotti), mais les tensions sont encore palpables. Je suis passé en voiture dans le centre ville en fin de matinée aujourd’hui et les policiers étaient plus nombreux. Mais de petits regroupements de personnes semblent annoncer que les manifestants d’hier ne s’arrêteront pas là. A la suite des premières altercations, dés le début de l’après midi, hier, le gouvernement a annulé l’autorisation de la marche syndicale.
De mon côté, notre bureau n’est pas tout à fait dans le centre ville. Dés que nous avons entendu que les étatsuniens travaillant dans le centre ville (oui, ils sont là aussi ceux-là) étaient fortement priés de rentrer chez eux, j’ai pris le chemin de mon logement. Ce matin, je me suis préparé pour le départ de demain, direction Saint-Louis. Les occidentaux ne sont pas visés par les revendications et je suis dans un organisme qui en a vu d’autres et qui ne prend aucun risque. Nous sommes constamment en lien avec l’ambassade du Canada. Personnellement, je n’ai rien vu de la journée d’hier, preuve que nous avons fait ce qu’il fallait.

mercredi 21 novembre 2007

Excusez moi, j’ai oublié de faire les présentations…

Je vous présente donc le Sénégal :

La devise : un peuple, un but, une foi
Capitale : Dakar (environ 2.500.000 habitants) (Et plus avec la périphérie)
Langue officielle : Français; Langue couramment parlée : Wolof (je m’y mets bientôt)

Données historiques :
04/04/1960 Indépendance du Sénégal qui était une colonie française depuis 1638.
05/09/1960 Proclamation de la République du Sénégal sous la présidence de Léopold Sédar Senghor
12/01/1994 Dévaluation du franc CFA
17/03/2000 Défaite de Abdou Diouf après plus de 19 ans au pouvoir (1er janvier 1981).
02/04/2000 Abdoulaye Wade devient le 3ième Président de la République du Sénégal.
2001 Nomination de Mme Madior Boye : première femme Premier Ministre au Sénégal.
2007 Réélections du président Adboulaye Wade

La population du pays approche les 12 millions d’habitants

Les religions :
Musulman à 95 %
Les chrétiens représentent 4,4% de la population.
Les animistes et les autres religions ne sont que 1% de la population.

Éducation :
Chez la population de 14 ans et plus, on note un taux d’analphabétisme de 55%. Ce taux atteint 74% dans les régions, 40% à Dakar et 50% dans les autres centres urbains

Emploi :
La population active est estimée à 56% de l’ensemble de la population. Les chômeurs et les inactifs représentent 44% de la population active.

On remarque que la majorité des travailleurs (81,2%) sont des agriculteurs ou ouvriers de l’agriculture ou de la pêche ainsi que des ouvriers ou employés non - qualifiés.

Relief et Climat : (N’apportez pas vos skis…)
Le Sénégal est un pays plat et peu élevé, il est essentiellement constitué de plaines et de plateaux. Au Sud s’élève le relief du Fouta Djalon (plateau de Kédougou) avec un point culminant à 581 m.
Le climat est sahélien semi - désertique avec une végétation steppique au Nord, soudanien au centre (savane plus ou moins arborée) ainsi que tropical et humide au Sud avec des forêts denses.

mardi 20 novembre 2007

Une journée à Gorée



Entre l’arrivée à Dakar, les premières prises de contacts, et avec la ville et avec les collègues de travail, et le départ pour la région de Saint-Louis, j’ai pu me rendre à l’île de Gorée. Ce n’est d’ailleurs qu’une fois le billet aller-retour acheté que je me suis souvenu que cette visite était dans le programme de mon premier séjour au Mali. Mes plans avaient été contrariés par un incident qui m’avait obligé à écourter mon séjour en Afrique. Ce dimanche, moins de deux années plus tard, je prenais le bateau vers l’île. Elle s’ouvrit à moi au moment où se déroulait le « Gorée Diaspora Festival ». Le site, si tristement historique pour son rôle dans l’esclavage, était lieu de fêtes. Douze films furent présentés dans l’ancien palais du gouverneur de l’île autour du thème « Exils et Mémoires ». J’ai pu y voir « Macunaïma » un film du réalisateur brésilien Joaquim Pedro de Andrade, l’un des grands noms du Cinéma Novo, mouvement qui révéla au monde l’inventivité baroque des cinéastes brésiliens et leur engagement politique sous la dictature militaire des années 50-60. Un film très surprenant, drôle mais violent dans les thèmes abordés. Dans un registre plus léger le festival présentait « Afriqua Paradis » qui est peut être encore à l’affiche en France. C’est l’histoire d’un couple de français qui ne tiennent plus dans le pays sous-développé qu’est la France et tentent par tous les moyens d’aller vivre en Afrique. Mais les lois de l’immigration sont dures et n’entre pas en Afrique qui veut. Ils décideront d’immigrer clandestinement… Clin d’œil absurde aux difficultés liées à l’immigration vers les pays occidentaux.
Qu’il était intense de voir ces deux équipes de jeunes sénégalais jouer au foot non loin de l’ancienne maison des esclaves. Cette scène m’avait inspiré une réflexion (désolais je vous la partage…). « La jeunesse est comme ces coraux qui réapparaissent progressivement au fond de la mer après une grande tempête ». (Re-désolais). L’île est relativement petite, les maisons sont très colorées. L’histoire a gravé ses scarifications sur le rocher. La maison des esclaves se visitent. On y découvre la porte appelée « porte du non retour », directement ouverte vers le large. Au sommet de l’île, des canons longues portées, rappelle que l’Afrique fut également un lieu de conflit lors de la seconde guerre mondiale.
La journée fut très ensoleillée et source de nombreuses réflexions. Finalement, j’ai pris un bateau qui m’a … ramené à Dakar.

jeudi 15 novembre 2007

Arrivée en douceur

Quelques heures d’avion plus tard. Une escale très sympathique de 12 heures à Casablanca plus tard. J’avais une chambre de réservée dans le centre ville ce qui m’a permis de faire un tour au grand marché, de boire un thé et de faire une sieste. Une arrivée tourbillonnante à Dakar de nuit plus tard. Et me voilà chez Mme Ba. C’est le point de chute des coopérants CECI. Je suis seul dans un appartement dans lequel je vais passer les 8 prochains jours, le départ pour Saint Louis étant prévu le 23 novembre.

Le trajet fut long, mais à ma grande surprise, il ne m’a pas épuisé. L’atmosphère fut chaude à l’arrivée mais pas suffocante. En résumé, à part une bouteille de crème solaire éclatée dans l’une des valises qui m’a obligée à faire un peu de lavage ce soir, je suis ravi du trajet Montréal – Dakar. Il est bien trop tôt pour vous livrer mes premières impressions, mais une chose est sûre, je suis entre de bonnes mains, au sein d’un organisme professionnel et expérimenté.